Canal Cervical étroit
Rétrécissement du canal cervical pouvant comprimer des éléments neurologiques
Le canal cervical étroit est une pathologie dans laquelle le canal a une taille inférieure à ce qui peut être nécessaire pour contenir la moelle épinière en toute sécurité, pouvant ainsi provoquer sa dégradation.
Au niveau du canal cervical, dans la mesure où la moelle épinière se retrouve à l’intérieur d’un sac, le sac dural contenant un liquide : le liquide cérébro-spinal, la moelle épinière se retrouve à flotter dans cette cavité remplie d’eau et elle est protégée des secousses extérieures de cette manière.
Si ce canal se rétrécit, la quantité d’eau qui entoure la moelle épinière va diminuer jusqu’à ce qu’un contact s’établisse entre la paroi et la moelle – ainsi la moelle épinière devient vulnérable à des mouvements extrêmes, des torsions et surtout des chocs. Image
Pour éviter les conséquences des lésions neurologiques pouvant aller jusqu’à une tétraplégie, des solutions chirurgicales peuvent donc être nécessaires.
Un canal cervical étroit peut être présent, sans lésion particulière, simplement parce que l’anatomie particulière de l’individu est faite avec un rétrécissement canalaire plus ou moins important. On parle alors d’un canal cervical étroit constitutionnel. Ces personnes peuvent être vulnérables à des chocs cervicaux dès leur jeune âge.
Pour éviter des drames lors de rencontres sportives tel la boxe, les sports de contact, surtout le rugby, des dépistages avec un contrôle d’imagerie peuvent être organisés.
Une fois que l’on a un canal cervical plus étroit que ce qui est optimal, on peut être aussi plus vulnérable à des lésions dégénératives qui peuvent agir rapidement, dès que la dégénérescence commence à s’installer au niveau du rachis cervical. En effet, dans un tel cas, l’installation des dégradations discales et articulaires -avec une protrusion discale même minime- peut effacer l’espace de sécurité autour de la moelle épinière et provoquer des signes et des perturbations, même chez des patients relativement jeunes.
Quand le rétrécissement est provoqué à la fois par la situation constitutionnelle et des lésions dégénératives, on parle alors d’un rétrécissement « mixte ». Même si la taille du canal cervical est initialement tout à fait satisfaisante, avec le temps, des lésions dégénératives peuvent provoquer des lésions importantes au niveau des disques et des articulations, conduisant à un rétrécissement du canal cervical.
La pression exercée par le poids de la tête sur la colonne cervicale fragilise ses structures, provoque leur impaction, ce qui va conduire à l’épaississement des ligaments, l’élargissement des disques et dégradation des articulaires postérieures. Des repousses osseuses – des ostéophytes – vont se développer représentant une compression supplémentaire.
La dégradation des disques va ainsi provoquer une pression antérieure à laquelle la dégradation des articulaires postérieures et l’épaississement des structures ligamentaires postérieures peuvent s’associer pour exercer une pression postérieure.
Ainsi, avec le temps, des compressions peuvent s’installer sur plusieurs niveaux, provoquant un écrasement étendu de la moelle épinière.Ce rétrécissement cervical acquis apparaît plutôt à un âge élevé mais, chez certains individus, il peut démarrer assez tôt.
La compression de la moelle épinière peut conduire à différentes gênes en fonction des sollicitations, sans traumatisme notable. Avec le temps, comme elle se met en place progressivement, la moelle épinière peut tolérer parfois un écrasement assez important. Toutefois, au bout d’un certain temps, sa structure peut s’altérer et on voit sur l’IRM des lésions avec pertes cellulaires. Ces lésions sont, sur le plan anatomique, irréversibles.Des douleurs peuvent apparaître beaucoup plus tôt: des douleurs cervicales avec des irradiations dans le dos, entre les omoplates, des irradiations diffuses au niveau des membres supérieurs, souvent sur la partie postérieure des épaules à laquelle des douleurs irradiant au niveau des membres supérieurs. Ces irradiations vont apparaitre si les racines nerveuses sont également impliquées ou bien si les structures neurologiques responsables de l’innervation de certaines zones du membre supérieur -à l’intérieur même de la moelle épinière sont irritées.
L’un des premiers signes peut être la difficulté à mettre le rachis cervical en extension, regarder vers le plafond d’une manière prolongée car, dans cette position, le rétrécissement du rachis cervical s’accentue encore.
Des douleurs cervicales peuvent être expliquées par des contractures musculaires mais également par le fait que ces personnes adoptent de plus en plus une position de la tête penchée en avant, ce qui agrandit un petit peu le canal cervical, provoquant ainsi un déséquilibre au niveau des forces musculaires, conduisant à une fatigue et à des douleurs irradiantes sur les zones d’insertion musculaires, principalement au niveau des trapèzes.
Dans le cas du canal cervical étroit, tout traumatisme peut être extrêmement dangereux et provoquer une interruption du fonctionnement de la moelle épinière, avec une tétraplégie plus ou moins complète, pouvant récupérer ou non.
Pour cette raison, dans cette situation, il faut éviter toute situation accidentogène, être particulièrement attentif lors des déplacements en voiture, éviter les sports tels que le ski, le vélo et plus particulièrement tout sport de contact, tant que le problème n’est pas résolu.
Traitement du canal cervical etroit
Quand une souffrance médullaire est présente, la solution par principe est chirurgicale car les possibilités de traitement conservateur ne permettent pas d’agrandir le canal et de mettre les éléments neurologiques en sécurité.
- Si la compression est présente surtout à la partie antérieure du canal, provoquée par les disques sur peu de niveaux, la voie antérieure peut être la solution. Dans ce cas, l’ablation des disques compressifs ainsi que la résection des ostéophytes peut procurer suffisamment d’espace pour le canal soit dégagé. La plupart du temps, une stabilisation est nécessaire après ce geste. Toutefois le fait que la musculature ne soit pas touchée et que les compressions radiculaires -éventuellement présentes- puissent être en même temps résolues représente des avantages. Dans les cas les plus simples, cette solution peut être préférée.
On peut également opérer par voie postérieure, ce qui est surtout nécessaire si l’accès des zones concernées est limité par voie antérieur (par exemple au niveau supérieur) ou bien si plusieurs niveaux sont impliqués.
Dans cette situation, la musculature cervicale est repoussée sur les deux côtés pour pouvoir accéder à la partie postérieure des vertèbres. Il est très important lors de cette opération, que cette musculature soit autant préservée que possible et que l’on puisse lui offrir des zones d’insertion avec lesquelles elle peut faire son travail d’une manière efficace – une fois la cicatrisation est obtenue, sinon des douleurs cervicales et une déformation secondaire peuvent survenir.
L’opération classique de décompression du canal cervical est la laminectomie lors de laquelle le chirurgien va retirer la couverture postérieure de la moelle épinière, en réséquant les parties postérieures des vertèbres, les lames, agrandissant ainsi le canal vertébral.
Si ce geste permet indéniablement d’apporter un agrandissement important du canal vertébral, il existe plusieurs inconvénients. Dans la mesure où la moelle épinière peut ainsi reculer d’une manière plus ou moins importante, on peut être confronté à des perturbations sur certains trajets radiculaires.
De plus, comme toute la partie osseuse postérieure est retirée, la reconstruction de la musculature après l’opération peut ne pas être suffisamment efficace et une déformation ultérieure avec une flexion exagérée au niveau du rachis cervical peut s’installer progressivement.
Pour limiter ces problèmes, la technique de laminoplastie représente plusieurs avantages.
Ici la partie postérieure ne sera pas retirée complètement mais sectionnée d’un côté de manière partielle et de l’autre côté complètement. Cette partie postérieure sera ouverte (comme on ouvre un livre), agrandissant ainsi suffisamment le canal vertébral mais tout en conservant les parties postérieures servant à l’insertion musculaire.C’est une technique plus sophistiquée qui offre des avantages considérables et que l’on peut largement préférer à la laminectomie classique.
A la fin de cette opération, la colonne cervicale reste libre avec la mobilité préservée sur toutes les étages. Pour maintenir les lames ouvertes dans la position souhaitée, des petites plaques peuvent être installées.