Soigner une pathologie discale avec une reconstruction de sa fonction, en évitant la fixation des vertèbres, est un objectif de longue date dans la chirurgie de la colonne vertébrale.
Pour concevoir un disque artificiel, de nombreuses solutions ont été évoquées.
Alors que la chirurgie de remplacement des articulations au niveau des différents membres a pu obtenir une certaine maturité, avec une grande fiabilité, le remplacement des disques intervertébraux devait affronter des difficultés difficilement surmontables.
Tout d’abord, il faut considérer que la connexion avec deux vertèbres se fait non pas par une seule mais par trois articulations : par le disque en avant et les deux articulaires postérieures en arrière. La dégradation de l’articulation entre deux vertèbres est susceptible donc de dégrader ces trois structures.
Si, sur le plan mécanique le remplacement d’un disque intervertébral apparaît comme un geste plutôt favorable, ce n’est pas le cas pour les articulaires postérieures ; même aujourd’hui, nous ne disposons pas de solutions satisfaisantes.
Le remplacement d'un disque intervertébral représente donc un geste partiel : une prothèse uni-compartimentale.
Le principe est le même que pour la chirurgie du genou. Le succès peut être espéré uniquement si les autres compartiments -non remplacés- ont pu garder un bon fonctionnement.
La première prothèse discale lombaire pouvant apporter un bon fonctionnement a été conçue en 1980, c’est-à-dire il y a plus de 40 ans maintenant, à Berlin à l’Hôpital de La Charité. Cette prothèse, d’utilisation d’abord confidentielle, a pu avoir une évolution au fil des années pour améliorer son fonctionnement. Il s’agit d’une structure qui comporte deux plateaux métalliques adhérant aux plateaux vertébraux et enfermant un noyau de plastique de haute densité, pouvant permettre une mobilité du segment mobile, et permettant aux vertèbres non seulement de pivoter l’une sur l’autre mais autorisant également une certaine translation. Les résultats initiaux favorables ont attiré l’attention d’un certain nombre de chirurgiens français. C’est en grande partie grâce à leur travail et à leur persévérance que la technique de remplacement discal a pu connaître un essor considérable et prendre une place importante dans notre arsenal thérapeutique par la suite.
Malgré les difficultés techniques, cette chirurgie a pu se répandre et elle est devenue un geste offrant un résultat parmi les meilleurs dans la main des chirurgiens suffisamment formés et entraînés pour cela. Le développement des implants a connu également un progrès fulgurant, attiré par la concurrence des laboratoires. Le concept initial a été largement amélioré. Le succès de la chirurgie prothétique discale lombaire a motivé la profession pour étendre ses possibilités sur le rachis cervical également, à l’initiative d’un groupe de chirurgiens français dont je fais partie, avec l’aide d’un laboratoire français particulièrement dynamique.
Un disque artificiel cervical de nouvelle génération a pu être développé et est considérée comme le leader actuel de ce type de chirurgie dans le monde.
La prothèse MOBI-C comporte également deux plateaux qui adhèrent aux plateaux vertébraux. Ces plateaux mécaniques enferment un noyau plastique, permettant une mobilité : de bascule, de translation.
Elle est conçue de telle manière que sa mise en place peut être réalisée de façon relativement simple, s’adaptant pratiquement à toutes les situations cliniques. Elle peut être utilisée y compris dans les cas où la hauteur discale est la plus petite.
Le développement de cette prothèse a permis d’éviter les inconvénients des modèles précédents qui ont été pénalisés soit par la complexité de leur mise en place, soit par l’insuffisance du concept.
Dans notre établissement, nous pouvons assurer l’accès à nos patients grâce avec à nos accords avec la société de distribution pour assurer une possibilité de mise en place dans les cas où ces implants représentent un net avantage.
De nombreuses études scientifiques ont pu démontrer l’efficacité de cette solution, parfois même la supériorité comparée aux autres méthodes de reconstruction discale.